mardi 29 décembre 2009

Une bonne année

Il n'y a pas à dire, 2009 dans son ensemble aura été une plutôt bonne année, et je ne dis pas ça parce que je suis encore plus beau, riche et intelligent qu'il y a un an (c'est pourtant le cas). Non, 2009 était une bonne année parce que 2008 était tout compte fait assez pourrie, et que mes prédictions se sont avérées, en y regardant avec optimisme et complaisance, assez justes.

Souvenez-vous:

1. "Un très gros soutien institutionnel, probablement plusieurs, interviendra pour assurer la pérennité financière du projet."

Bon ok, j'étais fou et j'avais dit que 3 millions tomberaient dans les poches de la Fondation. De fait, celle-ci aura quand même récupéré 100'000 dollars en janvier de la part de Mozilla, deux millions de plus (sur 4 ans) d'Omidyar Network en août, et un montant inconnu (mais supposémment cher) d'Orange en avril. Popo: 1 - le Futur: 0.

2. "Il y aura un nouveau conflit majeur entre administrateurs sur fr:, avec 2-3 claquages de porte de la part de contributeurs importants (admins ou pas) d'un coup à la clef."

J'avais clairement en tête une conflagration de la taille du débat sur le bannissement d'Aliesin (je suis influençable par le passé récent mais apparemment c'est normal). Je me suis planté et je m'en félicite. J'apprécie à sa juste valeur l'explosion récente entre Grimlock et GL, mais finalement tous deux ayant apparemment accepté l'idée d'un désysopage temporaire pour wheel war, ça reste quand même une affaire de gentlemen. Je n'ai pas souvenir de claquages de portes non plus. Quelques bannissements, quelques départs à l'amiable, rien qui sorte de l'ordinaire, si tant est qu'il y ait des choses ordinaires dans les coulisses wikipédiennes. Popo: 1 - le Futur: 1 aussi.

3. "Knol va continuer à largement errer hors des écrans radars". J'aurais aussi pu prédire que le 1er janvier 2009 tomberait un jeudi, hein, c'était juste histoire d'avoir raison. Cela aurait été plus fort de prédire la mort d'Encarta, mais j'ignorais qu'elle existait encore... Toujours est-il que Popo: 2 - le Futur: 1.

Vous noterez également que je n'avais pas prévu la paix dans le monde, et qu'effectivement ce n'est pas arrivé.

Toujours est-il qu'avec d'aussi bons résultats on ne va pas perdre l'occasion de créer une nouvelle, ludique et inutile tradition. Voici donc mes pronostics pour 2010:

1. Le nombre d'admins va diminuer. Nous sommes 177 en ce 29 décembre 2009 - notez ce nombre;
2. La Fondation signera d'autres contrats commerciaux à l'image de celui avec Orange (en clair: la part des dons individuels dans le budget 2010-2011 passera sous la barre des 50%; à comparer avec les 61% prévus pour 2009-10);
3. Le Grand Larousse va suivre le même chemin qu'Encarta. On se rattrape comme on peut.

Pronostics un peu plus risqués cette année, mais somme toute raisonnables (vous noterez que je n'évoque toujours pas la paix dans le monde). Bon allez, prédiction subsidiaire - le Festicabales 2010 se tiendra à Neuchâtel. Bloquez le premier week-end d'août (ou tous vos week-ends de l'été, vu que date et lieu ne sont pas encore vraiment fixés).

Sur ces bonnes paroles, à l'année prochaine!

jeudi 24 décembre 2009

Zombieland

Je suis enfin bureaucrate.

La prise de décision sur l'attribution du statut de bureaucrate à tous les administrateurs de Wikipédia est passée. Je suis administrateur, je suis donc bureaucrate. Viva España.

De fait, je n'ai même pas eu besoin du me donner la peine d'une élection: avec 180 comptes admins, c'était une évidence statistique que l'un d'entre eux aurait pour mot de passe quelque chose dans le style "azerty9". Il suffisait d'être patient et de chercher - et surtout de comprendre que la mémoire collective n'est pas le point fort d'un projet conservant pourtant tous ses historiques. Vous avez aimé ce qui est arrivé chez les anglophones, vous adorerez ce que j'ai concocté pour les francophones.

C'est donc fait, j'ai mon compte zombie. Son propriétaire ne le sait pas, mais nous sommes désormais deux. La probabilité que je m'apprête à l'aider dans la surveillance de sa liste de suivi sur les économies de pays africains est faible.

La première étape était en fait la plus dure. A partir de maintenant je travaille en roue libre et, surtout, d'autres travailleront pour moi. Les autres, c'est bien sûr mon armée de clones. Cela fait trois semaines que je crée quelques comptes par jour, et j'ai désormais une centaine de Utilisateur:Jean Dupont qui attendent tranquillement leur ordre de marche. Zombies, clones et petits soldats, j'admets que je lis beaucoup de science-fiction.

Il est 5h du matin, un mardi. Tout est calme. Le bon peuple dort, même au Québec. Parce qu'il faut toujours faire les choses avec élégance, je renomme mon premier soldat ZombieBot. Il sera admin et bureaucrate, comme papa. Je lui donne également le botflag, qui lui permettra de passer inaperçu dans la liste de changements récents. ZombieBot dispose de la liste de ses petits camarades et s'attelle diligemment à les renommer et leur attribuer le même statut d'invisibilité. Je vous avais dit que d'autres feraient mon travail. Trois minutes plus tard et ZombieBot numéro 100 est prêt. La deuxième étape est officiellement terminée.

Phase trois. A l'attaque.

J'ai réparti mon armée en trois équipes. La première explore les logs de blocages de ces derniers mois et débloque systématiquement tous les proxys ouverts bloqués depuis un an. Ca fait beaucoup. On ne veut pas de goulot d'étranglement, et les ordis connectés au WiFi gratuit de ma bonne ville (parce qu'on a beau dire, même à trois heures du matin il faut pas mal de bande passante et de puissance - sans compter que je suis d'un naturel prudent) ont pour consigne de changer d'adresse IP à la première occasion. En couverture, deux de mes Zombies sont de toute façon prêts pour annuler tout blocage. S'il venait à un admin insomniaque de vouloir bloquer l'un de mes bots, celui sera débloqué par l'un de mes guetteurs. Et ah, oui, l'admin sera interdit en écriture dans la foulée.

Que faire pour l'administrateur de garde qui a des amis admins dont il connait le numéro de téléphone et qu'il n'a pas peur d'appeler en pleine nuit? Facile, on demande l'équipe deux.

L'équipe deux a pour tâche de repérer les comptes admins, de les renommer en quelque chose d'aléatoire, de supprimer la redirection de l'ancienne page utilisateur vers le nouveau afin que le propriétaire ne puisse se reloguer trop vite en identifiant où est passé son pseudonyme. Le compte et ses IP sont bloqués. Si un petit malin s'aventurait à s'identifier d'abord sur un autre wiki et de revenir sur la version francophone en profitant du login unifié, la seule chose qu'il récupèrerait serait son pseudo. Adieu veaux, vaches, cochons, historique des contributions et balai. Le cas échéant, pour ceux qui passeraient entre les balles, les guetteurs de l'équipe une sont toujours là pour contrer toute tentative d'action.

Après 10 minutes tous les comptes admins sont de toute façon hors-circuit. Salebot le robot anti-vandales s'est aussi pris une dose de tranquilisant. Parce qu'on ne change pas une recette qui gagne, l'équipe deux épluche désormais la liste des dernières modifications et bloque, renomme systématiquement tous les comptes listés par ordre antichronologique (et banni aussi les IP, bien sûr). Avant que quiconque comprenne ce qui se passe, je me dis qu'on aura bien une semaine ou deux de RC épluchées et la plupart des comptes actifs vandalisés (spécial dédicace: ZombieBot 7 se charge rapidement d'inscrire un poétique "All your base are belong to us" sur la page utilisateur de chaque admin - ainsi qu'en page de discussion, pour le plaisir du bandeau orange quand ils récupéreront leur compte (je déteste ce bandeau orange).

Et maintenant, le gros oeuvre.

La troisième équipe, ZombieBot (le premier, mon favori) en tête, compte 90 bots qui partiront des catégories-mères et effaceront systématiquement tous les articles présents dans celles-ci en suivant méthodiquement l'arborescence. Par égard pour la culture populaire, j'épargne cependant Pokémon et le portail Catch. Je suis un monstre.

Je me demande combien de temps il faudra à mes zombies pour effacer 890'000 articles et recréer par dessus une ébauche à la gloire de Knol. Je ne le saurai probablement jamais, vu que quelqu'un aura probablement assez rapidement l'idée d'aller sonner le tocsin sur meta dans la matinée. Sauf que ce que les stewarts reprendront, les guetteurs de l'équipe 1 rendront. La seule solution que j'envisage à ce stade sera donc la fermeture complète de fr.wikipedia.org par l'un des développeurs, qui lui aussi dort du sommeil du juste quelque part en Californie. C'est seulement là qu'on pourra dire Game over.

Je me réjouis de lire la presse de demain.






Ce conte de Noël est basé sur une idée originale de Moez. Ne le prenez pas plus au sérieux que cela (le conte, pas Moez). Joyeuses fêtes à tous!

lundi 21 décembre 2009

L'église au milieu du village

"Le peuple s'est exprimé. Reste maintenant à savoir ce qu'il a voulu dire." Cette citation de Bill Clinton, finalement, c'est un peu la justification du pouvoir discrétionnaire des bureaucrates dont on parle beaucoup. Beaucoup trop en fait, vu qu'il n'a pas grand-chose à voir avec la réalité de la choucroute.

J'essplique.

On a en réalité plusieurs problèmes qui, sans surprise, sont un peu mélangés:
  1. On a besoin de bureaucrates pour traiter les affaires courantes;

  2. Le pouvoir discrétionnaire fait grincer des dents, à tort et à raison.
Premier point: on a effectivement besoin de bubus. Pas pour jouer aux sages quatre fois par an, mais simplement parce qu'il arrive parfois que des requêtes traînent plusieurs jours sans qu'on les remarque (personne n'est là sur le moment, la requête glisse rapidement tout en bas d'une liste de suivi, c'est assez facile en fait). Je précise bien parfois, pas de manière systématique (heureusement!), mais pour la personne qui n'a qu'une seule demande de renommage ou de botflag en suspens, et que cela dure depuis une semaine, ça lui fait une belle jambe que de savoir que dans 95% des cas l'affaire est traitée dans les 24h.

Le problème, c'est que ce besoin immédiat est complètement pollué par la question du pouvoir discrétionnaire. Ce que j'essaie de dire c'est qu'on a besoin de mains maintenant, au jour le jour, et pas dans trois mois et pour l'hypothétique cas de figure où une PDD sur la généralisation des droits bureaucratiques passerait (ce qui est loin d'être garanti, vu la défiance vis-à-vis de certains admins). Il est tout à fait possible, et je tiens ici à le souligner, d'approuver l'élection des divers candidats tout en approuvant par la suite une réforme des modes d'élection ou de fonctionnement. Bloquer l'un en attendant d'hypothétiques jours meilleurs pour l'autre, c'est casser le système pour prouver qu'il ne fonctionne pas. C'est une pratique qui satisfait des principes moraux ou idéologiques certes, mais certainement pas encyclopédiques.

Le deuxième soucis, donc, c'est la propulsion sur le devant de la scène du fameux pouvoir discrétionnaire. En gros, quand un candidat obtient plus de 80% d'approbation le statut lui est accordé d'emblée, mais quand on est dans une "zone grise" située entre 66 et 79,9%, les bureaucrates y regardent d'un peu plus près - pratique en vigueur également chez les germanophones et anglophones.

Depuis sa formalisation autour d'octobre 2006, ce fameux pouvoir aura concerné -au mieux- une quinzaine de candidats1. Il y aura eu dans la même période près de 150 candidatures admin ou bureaucrate (soit 135 traitées sans discussion), 223 demandes d'usurpation de compte et 870 demandes de renommage de compte utilisateur. Moins de 1% du travail, donc, génère ces jours-ci 99,9% de la discussion.

Tout cela remet un peu les choses en perspective.

A tous ceux qui pensent qu'on élit un Comité de sages avec des superpouvoirs, je répondrai qu'on vote surtout pour choisir quelques techniciens avec un peu de bon sens et peu tentés par les prises de tête lorsque la mécanique aura besoin d'un (tout petit) peu d'huile. Wikipédia est une construction pragmatique. Les grands principes, c'est chez Larousse.



1. Dans le désordre: Vyk (pas élu), Adrille (élu), Bokken (élu), Grimlock (élu), Meodudlye (pas élu), Tieum512 (pas élu), Hégésippe Cormier (élu), TigH (élu), Creasy (élu), Ohkami (élu), Tejgad (élu), Dodoïste (pas élu), Elfix (élu), Diti (élu), Kyro (pas élu)... et votre serviteur, pour son statut de bubu. Plus les sysopages temporaires de Vyk et Savant-fou.

dimanche 20 décembre 2009

La formule magique

C'est arrivé comme ça sans que personne n'ai rien vu venir, mais c'est fait, un très officiel appel à de nouvelles candidatures au statut de bureaucrate a été lancé. Très bonne idée, ne serait-ce que parce que j'avais eu la même et qu'il est toujours intéressant d'assister à ces grands moments de nombrilisme wikipédien où les gens se posent clairement trop de questions.

Déjà deux candidats se sont lancés (ici et ), et j'espère bien qu'on en aura encore quelques autres: au delà du très surfait et surestimé pouvoir discrétionnaire le fait est que, en ce qui concerne la charge de travail, avec 4 personnes ne pouvant pas être 24h/24 à surveiller des pages assez peu fréquentées, il arrive que certaines requêtes restent en suspens pendant un temps indécemment long: l'ajout de nouveau bubus n'est donc pas tant une question de gestion de la quantité des requêtes que de réactivité face à celles-ci.

J'ai exploré l'espace d'un instant la possibilité de faire un tableau synoptique semblable à celui déjà commis pour l'acquisition du statut d'admin mais me suis assez rapidement rendu compte que pour un bureaucrate, qui a paradoxalement assez peu de choses nouvelles à faire, c'est quand même un peu plus compliqué que ça. M'est venu alors une nouvelle épiphanie: si Wikipédia est une variante suisse, l'élection d'un bubu est comme celle d'un conseiller fédéral: il y a une formule magique1.

Vous pouvez lire l'article wikipédien mais, pour les fainéants, j'essplique (rapidement):

Le Conseil fédéral suisse, organe exécutif de la Confédération, fonctionne depuis une soixantaine d'année par consensus: consensus sur la répartition des sièges (entre partis), et consensus sur les décisions (au sens que si un conseiller n'est pas d'accord sur une décision allant à l'encontre de la ligne de son parti, il reste théoriquement solidaire du Conseil et ira la défendre devant le Parlement ou lors d'une votation).

Fait amusant, la répartition des sept sièges ne se fait pas que selon les poids politiques respectifs, comme pensé dans les premières années, à savoir 2 socialistes, 1 ou 2 centristes, 2 radicaux et 1 ou 2 agrariens (désormais UDC, droite dure2). Au fil des ans se sont ajoutés des paramètres non écrits et mal définis mais qui font assez consensus en ce qu'ils ont besoin d'être plus ou moins respectés pour refléter proprement l'Helvétie dans sa diversité. En gros ces jours-ci cela veut dire qu'il faut au moins deux latins (romands et tessinois), au moins deux femmes, un équilibre entre catholiques et protestants, et éviter que deux conseillers ne viennent du même canton. Et que les candidats soient suffisamment consensuels pour être élus par une vaste frange des représentants du peuple, bien sûr3.

Bref, il faut des points. Et pour les bureaucrates, c'est finalement devenu pareil.

Avant de vous lancer le graphe ci-dessous, quelques remarques pratiques: les lignes vertes et rouges ne pointent que vers des réponses positives ou négatives, pas vers une appréciation (au sens qu'on peut perdre des points tout en répondant oui à une question).

Le maximum de points est 100, qui indique le degré de certitude de votre élection. En dessous de 50 j'ai considéré la possibilité d'être élu comme quasi-nulle. A moins d'être déjà bureaucrate, il n'est par ailleurs pas possible d'atteindre 100 points, ne serait-ce que parce qu'on aura toujours des gens qui ne répondront pas à la question posée (et qui devrait simplement être: avez vous vraiment confiance dans ce candidat), ou qu'il y a des impondérables individuels impossibles à prendre en compte de manière générale (j'y pense après coup mais vivre à l'étranger doit probablement apporter quelques points de bonus, pour l'exotisme).

Un récapitulatif simple des paramètres d'éligibilité du bureaucrate sur la Wikipédia francophone (circa 2009).
Cliquez pour agrandir.


Comme vous voyez, ce n'est pas facile, mais pas impossible non plus. A vue de nez, je dirais qu'on a plusieurs candidats naturels comme Alchemica4 qui ont de très bonnes chances de passer sans trop de soucis (je n'ai pas dit haut la main).

En tout état de cause, je rappelle à tout le monde que 100% des gagnants ont tenté leur chance.



1. Et oui, pour ceux qui se le demandent, sur ce blog décembre c'est le mois de la Suisse.
2. Je ne veux pas m'étendre mais l'assimilation avec l'extrème-droite française n'est pas systématiquement pertinente, notamment par la structure fédérale des partis: l'UDC zurichoise (vraiment d'extrème-droite) n'est pas l'UDC bernoise (restée toujours très agrarienne et relativement pépère, pensez ici au gaullisme de grand-papa, s'il vous faut une analogie).
3. L'élection se fait à la majorité de l'Assemblée fédérale (Parlement), où aucun parti ne détient plus de 30% des sièges. D'où tractations intenses - voir l'article sur la Nuit des longs couteaux suisses.
4. Lui s'est lancé, et c'est tant mieux. Aux Litlok, Coyau et autres
Kropotkine je ne dirai qu'une chose: il s'agit d'une fenêtre d'opportunité qui va se fermer avec chaque nouvel élu. M'est avis qu'on aura avec cette fournée deux bubus au moins, j'espère trois; difficilement plus.

mercredi 16 décembre 2009

Yaka faukon

"Comme telle, la notion de libre examen est composée des termes libre et examen (..)". Cette introduction, avec ce lyrisme que je ne retrouverais guère qu'en feuilletant les rédactions péniblement commises à l'âge de quinze ans, est celle de l'article Libre examen. Celui-ci est dans sa quasi-intégralité l'oeuvre de Jean Piva, un contributeur qui nous aura malheureusement quitté trop tard, comme bien d'autres.

Si vous ne suivez pas le Bulletin des administrateurs, une courte mise en perspective est disponible ici: le "recherchiste" voit ses travaux, hmm, contestés, et décide donc de claquer la porte, reprenant au passage sous le bras ses ajouts sous un vague prétexte de convention de Berne sur le droit d'auteur patati patata. Bref on s'en fiche, ce n'est point le propos de ce billet que de se moquer du boulet de la semaine, surtout ci-celui fait l'effort d'orner ma page de discussion de ses pensées les plus intimes (si ce sont bien les siennes).

Non, ce qui nous intéresse, aujourd'hui, est la proposition de suppression associée à l'article. L'argumentaire, en substance, est de dire que face à un évident travail inédit mélangeant un peu de tout et pas mal de n'importe quoi (tout en traitant d'un vrai sujet), on aurait meilleur compte de tout effacer et repartir de zéro. Cela me parait tellement évident (c'est quand même Wikipédia et la magie des liens rouges, i.e. ce qui est effacé peut être recréé) que j'ai failli commettre une suppression immédiate. Grave erreur.

A l'heure où j'écris pas moins de sept personnes se sont -à ma grande surprise- exprimées pour la conservation de ce "truc" pour des raisons plus ou moins développées, citant son potentiel, la réalité du sujet, etc.. Je me demande toutefois si certaines ont lu mon pourtant court argumentaire.

Fait plus intéressant, si ces contributeurs se sont dans l'ensemble montrés d'accord avec l'idée que l'article en son état actuel mérite à tout le moins un sérieux coup de Kärcher, bref qu'il fallait vraiment faire quelque chose, entre la pose du bandeau et le jour d'aujourd'hui (soit douze jours) il n'y aura eu qu'une seule modification en tout et pour tout: celle de ZetudBot (un robot, donc) pour une faute typographique.

J'en ris encore.

vendredi 11 décembre 2009

Cé qu'è lainô-vice en la matière

En ce moment, c'est la célébration de l'Escalade. Je sais, « en ce moment », c'est vague mais il faut bien dire qu'entre le jour J (et encore cela dépend du calendrier grégorien ou pas), la course sportive et la célébration officielle, on a un peu l'impression que cela dure deux semaines. Je ne vais pas trop m'étendre sur la partie sportive car je connais trois wikipédiens (dont votre serviteur) qui ont fait cette année une performance digne d'un escargot asthmatique hors du commun, en tout cas souvent mieux que l'an dernier (hop nous !) et on n'est pas du genre à la ramener quand on tutoie l'Olympe.

L'anecdote ici, c'est que dans ma boîte aussi on fête cela et comme il y a pas mal d'étrangers1 qui sont là de passage, il faut leur expliquer cette fête super locale2. C'est une personne des ressources humaines qui s'en charge et elle sait maintenant ne plus faire l'amalgame entre Savoie et France (au début du XVIIe siècle en tout cas). Puisque c'est moi qui l'avais reprise à ce sujet, je vais la voir avant le début de la « cérémonie » pour la chambrer un peu. Je zieute son papier et vois que c'est la version anglophone de l'article de Wikipédia. Sans préciser que j'ai capté d'où cela venait, je lui balance : « Hey tu te foules pas, tu n'as rien écrit par toi même » « Non, en français j'aurais pu le faire directement à l'oral mais en anglais, je suis moins à l'aise ».

J'ai été patient, j'ai bien écouté son speech jusqu'au bout et je peux certifier qu'elle n'a même pas crédité les auteurs, ni fait circuler la GFDL aux personnes dans la salle (je précise s'il y a des rêveurs qui me lisent). Devant cet immonde forfait, je n'ai pas agi.

Que la première personne qui aurait interrompu tout cela pour parler de licences libres, conditions de réutilisation et creative commons au lieu de manger un bout de chocolat3 me jette la première marmite.




1 ce qui à Genève est un pléonasme, je sais.

2 j'ai connu des gens vivant à une heure de là qui n'en avaient jamais entendu parler. Ceci explique peut-être pourquoi cela s'exporte au Palais fédéral.

3 au lait, snif

mercredi 9 décembre 2009

Helvétocentrisme

La Suisse:

Wikipédia:


C'est pas pour dire, mais ça commence à faire beaucoup pour de simples coïncidences.

lundi 7 décembre 2009

Bureaucraties

Mogador a ouvert à l'issue de l'(in)élection de Vyk au statut d'administrateur un débat intéressant que je résumerais ainsi: les bureaucrates, étant si peu nombreux pour prendre une décision aussi peu anodine que la validation ou pas d'une candidature au poste d'administrateur, ont-ils une obligation de participation aux discussions y-relatives? En question le fait que sur six membres actifs, seuls trois (Clem et moi, puis Esprit Fugace après piqure de rappel) se sont penchés sur la question du sysopage après un vote houleux et inégal. Céréales Killer était dans les parages mais n'a pas jugé bon de s'exprimer; Educa33e et Anthere, pour leur part, ont un statut plus qu'ils n'ont une utilité vu que leur participation toutes tâches confondues est depuis quelques temps déjà plus que symbolique.

Tout cela pose, effectivement, plusieurs questions découlant plus ou moins les unes des autres:

1. Les bureaucrates ont-ils une obligation de participation?

Si oui, faut-il

2. plus de bubus pour assurer une lecture équitable des consultations, et
3. que ceux n'étant pas en mesure de participer démissionnent de leur statut?

Première point: l'obligation. Ce serait un peu paradoxal, sur un projet basé sur le volontariat, de vouloir imposer quoi que ce soit à qui que ce soit sous le simple prétexte qu'il ait demandé la confiance de la communauté sur l'accès à des outils quelconques. Après tout on ne demande pas aux contributeurs de terminer les articles entamés, pas plus qu'on ne demande aux administrateurs de rendre des comptes sur le nombre de purges ou blocages rendus dans la semaine. Et au vu de certaines (ré-)élection, cette obligation de rendement n'est pas demandée aux arbitres non plus. Donc non, pas d'obligation de participation à une tâche particulière, selon la règle qui prévaut chez les admins que qui ne dit mot est solidaire de la solution adoptée.

Pourtant, deuxième point, il faut bien voir les choses en face et se dire qu'une élection décidée par trois pseudo-sages et à l'encontre d'une parfois large majorité, ça n'est pas banal. On a donc, pour remédier à cet état de fait, deux choix:
  1. Supprimer le pouvoir discrétionnaire;
  2. Augmenter le nombre de bubus.
La première solution ne me paraît pas pertinente, au sens que si l'on regarde les élections passées, on s'aperçoit que nombre d'admins sans histoire n'auraient pas été élus si la barre était placée aux consensuels 80%1 (voire 75% - les refus sont heureusement souvent plus nets, il s'agit donc plus d'une option de repêchage). Pas de raison donc de se priver de mains supplémentaires pour les corvées de maintenance quand déjà on ne croule pas sous l'offre. Reste l'option de l'augmentation du nombre de bureaucrates. Pas une mauvaise idée, loin de là.

La solution facile consisterait à augmenter le nombre de bubus actifs à sept (il n'y a pas assez de travail pour plus, et probablement pas de candidats non plus) comme notre cher Conseil fédéral, à charge pour la communauté de définir sa variante de la formule magique2 si besoin. La solution plus compliquée, évoquée sur le bistro, consiste à donner le statut à tous les administrateurs, et en cas d'élection tangente de les faire voter en une sorte de deuxième tour pour savoir s'ils acceptent le candidat parmi les leurs.

Outre que cette proposition ne résoud pas la question de savoir que faire en cas de décision à nouveau tangente, mon avis personnel est que cela créera un niveau bureaucratique supplémentaire (quel délai pour le deuxième tour? Quelle marge? Quel espoir de recandidature pour ceux rejetés par leur potentiels pairs? Qui aura la patience de lancer une PDD pour trois ou quatre élections tangentes par an?) et de remplacer une caste par une autre, certes plus grande, mais caste quand même (la notion de hiérarchie n'a pas de réalité puisque les bubus ne peuvent reprendre ce qu'ils ont donné). Mais ça, finalement, c'est à la communauté de décider - après tout cela semble marcher chez les hispanophones (mais uniquement chez eux, et encore personne n'est allé demandé s'il y avait des regrets ou dérapages).

Pour ce qui est de la démission en cas de service moins-que-minimum, j'avoue que je suis assez pour. Soit c'est un statut technique dont on n'a plus besoin, soit c'est un statut de relatif prestige3, auquel cas il n'est vraiment pas sain de s'y attacher. Dans les deux cas, ce droit ne s'use que si l'on ne s'en sert pas.

En Suisse, pour revenir à un endroit qu'il m'arrive de fréquenter, les Conseillers fédéraux (dont le mandat est remis en question de manière rarissime) ont pour pratique de démissionner au bout d'une dizaine d'année d'exercice, sans qu'on leur demande rien. Un temps bien trop long à l'échelle wikipédienne certes, mais c'est un exemple - pas un modèle. La pilule serait peut-être difficile à passer (et ingrate) pour Madame la Présidente, mais là aussi un précédent existe, avec rien moins que Jimbo Wales, déchu de ses droits de steward mais désormais très officiel dictateur bienveillant Fondateur. Mais c'est un détail.

La seule chose qui marche bien, sur Wikipédia, c'est un mélange entre la pratique quotidienne et la solution de simplicité. La pratique quotidienne, c'est que le pouvoir discrétionnaire a l'aval tacite de la communauté des contributeurs. La solution de facilité, c'est que les gens qui perdent l'envie (ou la disponibilité) de s'impliquer sur le projet en tirent les conséquences. Quitte dans ce dernier cas à retirer les droits aux personnes passant sous la barre symbolique des 100 contributions par mois (le seuil statistique des contributeurs actifs) pendant quelques mois. Par exemple.


1. Dans le désordre: Elfix, Harmonia Amanda, Adrille, pour ne prendre que les trois premiers sur lesquels je suis tombé.
2. J'y reviendrai j'espère dans un prochain billet.
3. Très relatif.

dimanche 6 décembre 2009

Wikigeographie

Décidément, l'exploitation des données wikipédiennes semble à la mode puisque Mark Graham, sur son blog Zero Geography, partage les premiers résultats de son dernier projet consistant à lier les articles géomarqués du projet anglophone à une vraie carte. Autant dire que le résultat, à défaut d'être suprenant, est vraiment intéressant.

La carte ci-dessous est de loin la plus intéressante, et nous montre la densité de geotags par surface. L'Europe et Israël sont bien évidemment bien mieux couvertes que les États-Unis et le Canada qui, par exemple, ne documente clairement pas assez les attraits de Kuujjuaq et ses environs (-19,3°C de température moyenne ces jours-ci, apprends-je).


Ce qui me surprend un peu plus, c'est de voir la relative pauvreté du geotagging des articles liés à l'Irlande, et la relative densité de ceux liés au Népal, à l'Arménie et au Togo. Une première hypothèse qui me vient à l'esprit tient à la structure rurale de l'Irlande qui fait que (j'espère que personne ne me lit par là-bas) il y a probablement assez peu, toutes proportions gardées, d'articles à documenter hors des grands centres urbains (c'est aussi par exemple pourquoi le Canada, la Russie et le US resteront dans les clairs).

Pour le Népal et l'Arménie, je dirais qu'on a là un effet certain du tourisme dans le premier cas et de la diaspora dans le deuxième. Mais pour le Togo? Sans être allé regarder les articles, mystère et spéculation: peut-être un justicier solitaire et togolais a-t-il entrepris de geomarquer tous les articles liés à son pays de prédilection (il y a après tout sur :fr un mouvement de contributions significatif spécifique à la Côte-d'Ivoire).

Un pas supplémentaire désormais, et qui aurait un intérêt certain pour un projet comme :fr, serait d'affiner la granularité pour avoir le même type de carte au niveau des subdivisions nationales, genre les cantons suisses ou départements français, quitte à trouver les mêmes différences en termes de densité rurale vs. urbaine. Et, bien sûr, voir si les geotags sont également répartis d'un projet linguistique à l'autre (et si non, envoyer les bots à l'assaut).

Pour les autres cartes (nombre absolu de geotags, nombre pour 100'000 habitants), je vous invite à les consulter directement chez Mark.

mercredi 2 décembre 2009

Wikipédisation des WikiGrills

Le « WikiGrill » nouveau est arrivé et il provoque comme chaque fois quelques discussions parmi les contributeurs de Wikipédia. Au-delà du contenu particulier de l'article-cible, il est peut-être également temps de tirer un premier bilan du contenu de cette rubrique du magazine Books, qui existe depuis maintenant plus d'un an.

Il y a eu en effet une évolution assez nettes entre les premiers WikiGrills et les dernières critiques publiées. Au début, l'idée semblait être de confronter une entrée de Wikipédia et un spécialiste du sujet traité, capable de livrer une critique approfondie de l'article visé. Une rencontre entre l'encyclopédie des amateurs et les vrais détenteurs du savoir, en somme.

Avec le temps, les auteurs se sont apparemment fait plus difficiles à trouver et durant la deuxième moitié de l'année 2009 seul Olivier Postel-Vinay, le directeur de la rédaction de Books, a maintenu la rubrique en vie. D'abord en traitant de thèmes proches de sa formation en philosophie (Socrates, Foucault…) puis dernièrement sur un sujet, le réchauffement climatique, qui semble beaucoup plus éloigné de son champ de compétence. Et de fait, la critique est beaucoup plus superficielle et porte essentiellement sur des défauts – les références utilisées, leur présentation, la cohérence du texte – qui peuvent être décelés par tout lecteur vaguement au fait des canons de la publication scientifique, même s'il ignore tout des recherches sur le climat.

Certaines de ces observations semblent tout à fait raisonnables mais ce qu'il y a d'ironique dans tout cela, c'est qu'on ne serait pas surpris de trouver une critique de ce type sur le site Wikipédia lui-même, par exemple au détour d'une des interminables discussions préalables à l'obtention du label « article de qualité ».

Travaillez plus, gagnez autant.

Je n'ai pas de pétrole, pas de talent particulier, mais j'ai quelques idées. Si de votre côté vous savez pondre du code qui saurait extraire et compiler la substantifique moelle de la base de données wikipédienne (historiques de certaines pages, logs divers), envoyez-moi un mot à pp.lechien /a/ gmail.com.

M'est avis qu'il y a de quoi s'amuser.

mardi 1 décembre 2009

La rançon du succès

Peut-être est-ce la saison. Peut-être sont-ce les sanglots longs des violons de l'automne, qui blessent mon coeur d'une langueur monotone: toujours est-il que, ces derniers temps, j'ai vraiment l'impression que Wikipédia doit faire face à une invasion de boulets. Le pire, c'est que j'ai le troublant pressentiment que ce n'est que le début.

J'essplique.

Voici plus d'un -voire deux ou trois- mois que je suis embarqué à discuter sur plusieurs articles, tous aussi obscurs les uns que les autres et abordant autant de thèmes distincts, avec des individus voués à défendre envers et contre tout (et tous) une position plus ou moins minoritaire, déviante ou simplement fantaisiste. Pour le sommet du palmarès, j'hésite entre celui qui compare les diagrammes de longueur d'onde avec Jean-Marie Bigard, ou le monsieur qui s'évertue à vouloir affirmer que les trois derniers maires de sa commune (4'272 habitants) sont de gauche parce qu'ils ont autorisé la pose de gazon synthétique sur le terrain communal (je n'exagère pas, la mairie avec qui j'ai pris langue m'a envoyé une copie de ses tracts).

Nous sommes cernés par les fous.

Le problème, celui qu'on ne peut régler qu'à moitié en bloquant ou protégeant les pages comme cela se fait tous les jours, c'est que j'ai la désagréable impression qu'ils sont de plus en plus nombreux. Je me demande si ce n'est pas directement lié au fait que Wikipédia, bon gré mal gré, soit devenue une référence et que son mode opératoire ouvert, à défaut d'être compris, apparaisse pour les timbrés justiciers de tout poil comme l'occasion tant attendue de montrer enfin à un public qui n'attend forcément que cela ce qu'est la Vérité.

Avec la démocratisation de l'accès au net et la reconnaissance, ce ne sont donc plus les timbrés éduqués auxquels on doit faire face (les habitués penseront par exemple à JPP), mais désormais aussi les timbrés lambda. La rançon du succès, en quelque sorte, est que la participation contributive et collaborative appelle une autre forme de participation, désormais dénonciatrice et conspiratrice.

J'apporterai donc un bémol au démenti de Möller et Erik Zachte quand à la supposée diminution du nombre de contributeurs: celle-ci est faible et de toute façon attendue certes (les gens qui jouent la surprise n'ont visiblement pas compris pourquoi les chaînes pyramidales ne fonctionnent pas), mais elle cache probablement un élément non mesurable quant à la démographie des participants: les pionniers des premières années, partis au fur et à mesure que les grands thèmes étaient défrichés et ébauchés sont -en toute petite partie, ne soyons pas alarmistes- graduellement remplacés par des individus moins rompus aux technologies et au travail de recherche et rédaction d'une part, et qui d'autre part voient ce projet comme un moyen et non une fin.

C'était peut-être également prévisible, mais c'est troublant.



PS: l'image est un scan d'une manchette du quotidien lausannois 24 heures du lundi 30 novembre 2009. L'article correspondant (décevant au vu des attentes légitimement suscitées chez le Wikipédien lambda) est consultable ici.

mercredi 25 novembre 2009

Planter ses choux !

La lecture du jour: Wikipédia:Requête aux administrateurs#Dénigrement.

Hégésippe Cormier 1 - Reste du monde 0

Un match assurément engagé, avec de bonnes individualités qui se sont exprimées tout au long de la rencontre.

L'arbitre Moyg siffle la fin de la partie, le public siffle l'une des équipes.

Autant dire que la pression, encore une fois, monte sur les épaules de Raymond Domenech.

dimanche 22 novembre 2009

Faites entrer l'accusé

L'un des trucs sympa avec Wikipédia, c'est que quand on n'a pas envie de contribuer sur des articles, on peut aller voir les pages méta et être sûr qu'il s'y passe un truc intéressant, le plus souvent sous la forme d'échanges violents et emprunts d'une certaine dose de mauvaise foi, d'a priori ou d'idéologie n'ayant que peu à voir avec la construction d'un "projet d’encyclopédie libre que vous pouvez améliorer". Les pages de l'espace non-encyclopédique constituent, de fait, une zone éminemment politique.

Dans un tel projet, c'est un peu the West Wing qui rencontre La Caravane de l'Étrange (avec, nous l'avons vu à différente reprises, des éléments de Dallas et du Fugitif). J'aimerais dire que je suis au-dessus de tout cela, que le Vieux Sage sur sa montagne son blog regarde tout cela d'un air détaché et contribue avec sérénité mais en fait, soyons honnêtes, je ne m'en lasse pas (et n'ai pas la prétention d'être sage): sans toutes ces discussions stériles et futiles, ces pleurs, hauts cris et ronchonnements, la fréquentation des pages de maintenance lutterait pour susciter un intérêt supérieur à la rediffusion d'une vieille série polonaise. Pourquoi sinon aurait-on autant de non-admins qui suivent le BA?

Ces considérations oiseuses mises à part, on y lit aussi des choses très, très pertinentes, la dernière en date lors des nombreuses discussions autour de la (re-)candidature de Vyk au poste d'administrateur. Je parle ici de l'avis donné par l'utilisateur Buisson38 à propos de la façon qu'ont les bureaucrate d'aborder le décompte des votes lors desdites élections (la question étant: le même poids est-il donné aux votes pour et contre?).

Premier élément de pertinence qui me fait dire que derrière Buisson38 se cache quelqu'un de bien: à une question posée sur la page de discussion d'une candidature d'admins mais qui ne concerne in fine que les seuls bureaucrates, sa réponse commence par tu devrais directement la leur poser.

Vient ensuite le plat de résistance, que je recopie ici sans autres tellement il met exactement le doigt sur le processus tel qu'il est au jour d'aujourd'hui:
"ce ne sont pas le nombre ou les motivations de ceux qui votent pour qui importent mais bien le nombre et les motivations de ceux qui votent contre. Dit autrement, la charge de la preuve appartient à ceux qui s'opposent à l'attribution des outils d'administrateur à un utilisateur: c'est à eux de démontrer que le candidat n'en est pas digne. La procédure se rapproche donc plus de celle d'un procès ou l'accusé est présumé innocent et ou c'est à l'accusation de faire la preuve de sa culpabilité. Ce qui est cohérent avec le fait que WP ne soit pas une démocratie: nous ne sommes pas des votants, plutôt des jurés."
En voilà un qui n'a pas 600 éditions mais a déjà tout compris. Comme quoi, Wikipédia ça n'est pas si compliqué.

J'essplique (ou plutôt, je développe).

Dans un monde idéal, tout le monde devrait avoir des droits d'admins sur Wikipédia. Ou, plutôt, il ne devrait pas y avoir de contributeurs avec des droits supplémentaires de blocage et de protection de page. La réalité, c'est que dans toute population on trouve au moins la moitié des sujets en-dessous de la moyenne1. On a bien sûr des collégiens, mais aussi des artistes/universitaires en mal de reconnaissance, des individus avec un agenda (politique, religieux), ou des personnes manquant tout simplement parfois, soyons polis, d'une certaine sérénité dans l'action.

Une élection d'administrateur porte donc particulièrement mal son nom en ce qu'on n'élit pas quelqu'un sur un putatif programme ("Wikipédia aux Wikipédiens"; "Non aux expulsions d'IP"; etc.) mais en réponse à une simple question: fait-on assez confiance au candidat pour agir avec un minimum de bon sens et ne pas multiplier les erreurs de jugement dans l'usage de ses droits acquis?

Et c'est là, effectivement, que les votes contre comptent: quelqu'un n'ayant jamais eu de soucis avec le candidat peut se contenter de répondre d'un simple "oui" (ou des banalités du style "me paraît sympa"). Le votant contre, pour sa part, aura plus d'éléments de doute qu'avec un peu de chance il pourra substantier par des citations ou liens2.

Dans cette optique, il devient évident pour les bubus (en tout cas moi) que la lecture des avis est primordiale pour faire un usage raisonné de leur pouvoir discrétionnaire: autant je survole sans trop lire les rejets systématiques commis par Guil2027 (qui ne répond pas à la question), autant celui émis par un David Berardan (contributeur expérimenté et posé) compte pour dix.



1. Dit plus abruptement: nous sommes cernés par les andouilles.
2. Mais c'est accessoire, une impression émise de bonne foi suffit: ce n'est pas un vrai procès non plus.

vendredi 20 novembre 2009

Super Nobody

Il y a quelques jours de cela, je survolais le journal des créations de pages et me disais qu'il y a quand même pas mal de gens qui prennent leurs désirs de gloire pour une réalité. Et de nos jours, quand on a plus d'estime de soi que d'humilité, l'étape essentielle de la reconnaissance consiste bien sûr (et malheureusement) à s'écrire un article sur Wikipédia.

Je ne parle pas ici de créations collégiennes ni de groupes de Heavy Metal en devenir, mais bien celles d'adultes a priori sains d'esprit, des citoyens comme vous et moi - à la différence, donc, que vous et moi n'éditons pas de pages nous concernant. J'hésite d'ailleurs encore à lancer quelques noms aux fauves de l'internet (car la juste punition de l'hybris, me dit Wikipédia, est la némésis - la destruction), mais je me contenterai je pense de vous renvoyer vers l'édifiante page des demandes de restauration, où le nombre d'anonymes s'étonnant de ce qu'on puisse douter de leur importance en ce bas monde est proprement édifiant. Bref, pour un questionnement plus poussé sur les motivations de certains de ces célèbres inconnus, je vous renvoie également au dernier billet de Bokken sur un sujet connexe.

Non. Moi, ce qui me chiffonne aujourd'hui, c'est cette notion de notoriété. On accumule les créations d'actualité ou de personnes qui, en tout état de cause, ne passent pas le moindre critère de reconnaissance dans le vaste monde. Et à votre avis comment la mesurer, la reconnaissance du vaste monde, en ce qui concerne les personnes vivantes et les groupes ou entreprises, au XXIe siècle?

Que ceux qui n'auront pas pensé à Internet éteignent leur ordinateur et demandent la résiliation de leur abonnement. Quand à moi je l'avoue, je l'admets, je suis membre de l'Église de Saint-Google. Chacun son coming out.

Alors évidemment il y a plein de mais et de si, et des conditions en tous petits caractères. Mais dans l'ensemble, et dans le cas d'espèce, je suis de plus en plus convaincu que le bruit perceptible via une simple recherche Google permet de savoir si une personne, entreprise ou groupe, dispose d'un seuil minimal de notoriété. Google, en fin de compte, mesure l'impact factor du commun des mortels (et des autres).

Popo le Chien, figurez vous, atteint presque les 40'000 résultats sur Google (pour seulement 17'000 contributions sur WP, qui ne sont de toute façon pas recensées). Pour un pseudonyme, une personne imaginaire, c'est plutôt pas mal. Et en comparaison de nombre de ces "stars" injustement censurées, je fais carrément figure de super star. Ou super nobody.

Du coup, je me dit qu'il n'est pas exagéré, quand je regarde l'autobiographie d'un artiste ou la communication d'une entreprise dont je m'apprête à demander (ou acter) la suppression, d'en espérer au moins autant, voire un peu plus avant de reconsidérer mon geste. Non?

mercredi 11 novembre 2009

Boulot, boulot, boulot

(Remarque liminaire: si le rythme des billets a diminué ces derniers temps, c'est essentiellement parce que la main qui me nourrit a décidé d'augmenter substantiellement ma charge de travail. Accessoirement, je n'avais pas l'impression d'avoir grand-chose d'intéressant à dire non plus).

Je survolais les dernières élections d'admins quand je suis tombé à plusieurs reprises sur un commentaire de vote Contre qui m'a fait quelque peu tiquer:

[A]jouter d'autres administrateurs ne me semble pas nécessaire.
A défaut d'être développée et argumentée en profondeur, cette remarque est toutefois intéressante: il y a, effectivement, près de 180 admins officiellement en service sur Wikipédia, un chiffre en apparence conséquent dans la mesure où, si j'en crois les statistiques, cela représente presque un participant actif sur cinq1. En gros, quelle que soit la tâche, on ne devrait effectivement pas manquer de petites mains pour l'accomplir.

Devrait. Encore un conditionnel dont la confrontation avec la réalité ne risque pas de se terminer de manière heureuse.

Petit rappel: Wikipédia repose sur le volontariat. Volontariat pour écrire des articles, les corriger et les enrichir. Volontariat pour expliquer aux nouveaux que non, recopier le contenu d'un autre site web ou parler de sa propre carrière -naissante ou confirmée- n'est pas une option. Volontariat pour fusionner les historiques, traiter les suppressions (et conservations) de pages. Volontariat pour bloquer les cas sociaux qui pensent être entourés de nazis arméniens judéo-islamistes et qu'on empêche de rétablir la Vérité. Volontariat pour gérer les conflits entre tous ces gens honnêtes et qui ont raison.

Quiconque a déjà eu à traiter dans le domaine du volontariat sait bien qu'il s'agit d'un domaine où l'on a souvent besoin de huit personnes pour faire le travail d'une seule.

Et Wikipédia, forcément, ne déroge pas à la règle. Les demandes de fusion? Deux mois de retard. Les violations de copyright? Plus d'un an. Bon, de fait ce sont les deux exemples les plus extrêmes, et les seuls qui souffrent d'un retard de traitement significatif.

Ce qui me paraît plus illustratif, cependant, est le récent cas des redirections, hmmm, parfois ésotériques commises par ADM. Débarqué du projet il y a près d'un an, il est rappelé à notre bon souvenir à la mi-octobre par Hercule. 22 et quelques milliers de redirections plus ou moins fantaisistes à éplucher - une broutille. Après quelques digressions un appel aux volontaires est lancé, et une foule enthousiaste de... quatorze (14) admins (et 3 non-admins, c'est encourageant et terrible à la fois) se précipite pour aider et vérifier chacun sa tranche de 1'000 redirection. Et encore, il faut faire un rappel trois semaines plus tard parce qu'il en reste et que les gens ne se sont pas battus pour en redemander.

Quatorze, c'est moins de 8% de l'effectif théorique. Un sur douze. Clairement, quand on lance un appel sur la page de maintenance la plus fréquentée du projet et qu'on obtient ça, on se rend bien compte que la majorité d'entre nous ont autre chose à faire de leur journées que d'éplucher les contributions mystiques des autres2. Genre avoir un vrai travail, une vraie vie, et une sainte horreur de se la compliquer, la vie. Chaque admin, après tout, a innocemment commencé sa carrière wikipédienne en écrivant des articles, sans avoir l'ambition de devoir un jour nettoyer le caca des autres.

C'est vrai, on n'a pas forcément besoin de plus d'administrateurs. On a par contre besoin de gens qui soient prêts à mettre un peu de leur temps libre à disposition pour aider à réparer les âneries et protéger ce projet, tout en faisant usage d'un minimum de bon sens. Ceux-là, je dirais plutôt qu'on n'en aura jamais assez.


1. Par actif j'entends "plus de 100 éditions par mois".
2. A ceux qui croient que le bouton de suppression est un moyen facile de s'adonner à des Power trips, eh bien, pensez-y à deux fois. En ce qui me concerne, il a plutôt tendance à me déprimer.

jeudi 22 octobre 2009

Services industrieux

Je surveillais le journal des créations de compte utilisateur, histoire de voir quelles nouvelles têtes s'apprêtaient à faire leur premier pas chez nous, quand je suis tombé sur SIG communications, ouvert mercredi en soirée. Ca a fait tilt car, voyez-vous, outre que le nom sonne très officiel, les SIG sont pour moi les Services industriels de Genève, une entreprise que j'aime par ailleurs vraiment beaucoup1.

Vu l'heure (23h09), on a visiblement là un employé heureux et motivé qui continue à servir son employeur quand bien même les bureaux sont fermés depuis belle lurette. Je n'ai rien contre le Stakhanovisme tant qu'on ne me demande pas de participer, et comme indiqué je suis plutôt favorable aux SIG. Néanmoins, cette approche me pose un problème, par ailleurs indirectement abordé par GL et Schutz ici-même il y a quelques temps: comment gérer la communication d'entreprise? Et comment gérer celle qui est faite sans que ladite entreprise soit vraiment au courant? Et on ne parle même pas des conflits d'intérêt sur le contenu.

J'ai déjà été contacté à plusieurs reprises par des services de communication me demandant très officiellement (ou officieusement) conseil sur la meilleure manière de contribuer sur Wikipédia: à chaque fois des personnes très polies, curieuses et ma foi assez naïves (et pas démontées pour deux sous par l'idée de demander conseil à un gars qui se fait nommer Popo, ajouterais-je). Mon conseil? Laissez tomber. Mon deuxième conseil? Si vous le faites quand même, avancez à couvert (i.e. en prenant un pseudo anonyme au possible). L'information peut être ajoutée quoi qu'il arrive, et on évite les problèmes d'arguments d'autorité ou de procès d'intention en cas de conflit. Wikipédia est ouverte à toutes et tous, et on ne peut s'assurer ou revendiquer le contrôle d'un article - un fait avec lequel il vaut mieux apprendre à composer d'entrée.

Alors évidemment, on s'empêche ainsi de surveiller et marquer des contributeurs potentiellement problématiques. Sauf que s'ils deviennent problèmatiques cela se verra assez vite, et s'ils ne le sont pas on les soumet inutilement au regard suspicieux des autres.

J'ai mis un mot assez maladroitement rédigé sur la page de discussion de notre fournisseur d'électricité. C'est bien la première fois où j'aurais apprécié la présence d'une page méta expliquant tout cela à ma place.


1. Chaque année ils me renvoyaient un prospectus me rappelant que pour quelques centimes du kilowatt heure de plus, je pouvais subventionner des projets d'énergie renouvelable. Je trouve le geste volontariste et sympa.

mardi 20 octobre 2009

Brèves d'entourage - 1

C'est rigolo d'entendre ce que « les gens » pensent à propos des projets Wikimedia (ce qui revient quasi tout le temps à Wikipédia) surtout quand ils ne savent pas que je suis un peu impliqué là-dedans. Ou quand cela n'a pas grand chose à voir avec ce qu'on lit/entend dans les medias....

En plus, le fait d'avancer masqué me donne l'effet d'être un super héros (de pacotille), enfin plus Alfred Pennyworth que Bruce Wayne quand même.
Je me suis dit que j'allais recenser ici ce que j'entends. Naturellement, « Plural of anecdote is not data ».

Lieu : au boulot
Personne : une collègue âgée d'une trentaine d'années
Contexte : Discussion sur les smartphones (en fait, c'était une marque plus précise) qui est venue sur le tapis, je ne sais plus comment..

Elle : « T'as un smartphone, toi ?».
Moi : « Euh non. Tu sais moi, l'engouement pour la mode technologique...».
Elle : « Pareil. Si j'en avais un, ce serait juste pour vérifier des trucs sur Wikipédia».

J'ai rien rajouté à part un sourire mais.... y a des addicts à Wikipédia même sans contribuer, on dirait. Ou des réflexes étonnants.

jeudi 15 octobre 2009

Nous n'avons pas gardé les cochons ensemble

Un contributeur avec qui j'échangeais récemment m'a quelque peu surpris en me demandant tout de go "pourquoi restes-tu si cool alors que je t'ai violemment attaqué [dans mon message précédent]?"

Je pourrais disserter sur le fait que le cool est chez moi une seconde nature, que je pratique le Zen depuis mes jeunes années, ou qu'il ne sert à rien de s'énerver quand on a déjà mis un contrat sur la tête de son contradicteur mais, de fait, la réponse est beaucoup, beaucoup plus simple:

On ne se connaît pas.

On ne se connaît pas et donc, me direz-vous, c'est une bonne raison pour ne pas laisser n'importe qui me traiter de malhonnête pas drôle. Eh bien au contraire c'est justement parce qu'on ne se connaît pas que j'ai bien conscience que toutes les attaques et critiques ne sont pas basées sur des faits et considérations informées sur ma personne, mais uniquement sur des perceptions. Et que celles-ci sont probablement fausses. Du coup, autant laisser couler que de s'accrocher sur un malentendu.

J'essplique.

L'écrit est traître, l'écrit est trompeur. Une phrase, même anodine, est quasi-systématiquement lue avec un ton différent de celui qui l'a écrit, et étonnamment ce n'est jamais d'une manière plus légère. C'est quand l'ironie ou le badinage de l'un devient sarcasme ou insulte pour l'autre: il n'y a qu'à lire les plaintes posées sur le Bulletin des administrateurs pour voir que ça arrive toutes les semaines1. Parce qu'il y manque le ton, les mimiques, on construit une représentation de l'autre qui est forcément erronée - prenez le cas des wikirencontres, où tout le monde est un peu curieux de savoir qui ressemble à quoi. Je compte sur un, voire deux doigts les gens qui ressemblent, en physionomie ou attitude, à l'impression que je me faisais d'eux avant de les rencontrer.

Avec tout cela en tête, je me permets donc de commenter (et ricaner sur) les erreurs et errements de chacun. Mais pour ce qui est de juger la personnalité des gens sur la seule base d'un style, de centre d'intérêts ou d'une grammaire fautifs, je serai plus circonspect. Après tout, nous n'avons pas gardé les cochons ensemble.




1. "Donnez-moi trois lignes d'un honnête homme, et je trouverai de quoi le faire pendre." Richelieu.

mardi 13 octobre 2009

Bad karma

Vous êtes un contributeur sur Wikipédia et, disons le poliment, vous avez des opinions. Leur sujet n'est pas réellement important mais, d'une manière ou d'une autre, elles sont connues du quidam wikipédien. En fait, elles sont tellement tranchées et connues (ou considérées comme telles), ces opinions, que d'autres en parlent à l'occasion sur le Bulletin des administrateurs (BA). C'est là que le drame guette.

La mauvaise nouvelle est que ce genre de dynamique a tendance à vous placer sur un genre de hit list: à chaque nouvelle apparition, les chances sont grandes que de nouvelles personnes en arrivent à la conclusion que cela ne sera pas une mauvaise idée de vous bloquer, vous, votre compte, et vos idées tranchées. Dans un groupe dont le fonctionnement est vaguement basé sur une notion indéfinie du consensus, quiconque s'écarte volontairement du centre mou (à tort ou à raison) fait implicitement un pas en dehors du groupe. Mauvais karma.

La bonne nouvelle, mais c'est une évidence, est que si vous disparaissez des écrans radar pour un temps, le nombre de personne vous considérant comme un boulet diminuera avec le temps (quoique probablement moins rapidement): ici comme ailleurs, les souvenirs bonifient avec le recul, et le mauvais karma aura tendance à refluer (sans jamais vraiment disparaître).

Le mauvais karma est aussi apolitique, en ce sens tout le monde peut en avoir, indépendamment des clans et des mérites: inclusionnistes, suppressionnistes, peon et admins. Ce qu'en fait je trouve intéressant, du coup, c'est d'une part de deviner d'après les réponses et silences des uns et des autres qui pourrait se trouver sur une mauvaise pente, et d'autre part quels sont les éléments dynamiques qui peuvent alourdir ou alléger une hit list.

Concernant ce dernier point, la règle empirique que j'entrevois pourrait se résumer comme suit: une intervention sur le BA, sauf pour une question technique ou signalement anecdotique, est rarement plaisante à lire. Si vous êtes un contributeur relativement établi et vous vous retrouvez bloqué ou pris à partie pour quelque raison (ou si vous prenez quelqu'un à partie), la lecture de cet accroc éveillera un vague déplaisir chez le lecteur: en fonction de l'intensité et de la patience de celui-ci, vous entrerez alors sur sa liste. Évidemment, et comme indiqué plus haut, plus vous êtes bloqué et pris à partie (et donc plus souvent des messages déplaisants apparaîtront), plus de personnes auront votre nom rangé dans un coin déplaisant de leur mémoire.

Le plus récent déficit karmique, c'est évident, est celui de l'utilisateur HDDTZUZDSQ, dont on a parlé sur le Bulletin dernièrement (au moins trois fois en autant de semaines, il me semble). Avant ça, et c'était il y a peu, on avait l'inénarrable Michel d'Auge. J'ai survolé un peu les deux derniers mois du BA et, à vue de nez, je dirais que parmi ceux pour qui ça sent vraiment le roussi on trouve probablement Addacat, Grimlock, Optimi, Perky et Daniel*D. J'en oublie sûrement, mais ce n'était qu'un survol et une vague impression sur la base (subjective) de la violence des échanges aperçus.

Entendons-nous bien: ce n'est pas un jugement, je ne suis pas ici en train de distribuer mes mauvais points ou d'afficher ceux qui ont l'honneur de ma liste. A vrai dire, je n'ai souvent pas de jugement bien arrêté sur la plupart des personnes citées (je le dis sans malice) - des gens qui savent écrire, même pour lancer des piques, ne sauraient d'ailleurs être foncièrement mauvais. J'espère.

lundi 12 octobre 2009

L'air du temps

Si vous suivez les actualités wikipédiennes, vous n'ignorez pas qu'un sondage est en cours sur l'opportunité (ou pas) d'instaurer les flagged revisions sur la Wikipédia francophone. Après quelques jours de consultation on peut penser que la communauté est plutôt clairement d'avis que non, celles-ci ne sont pas opportunes. Et plutôt deux fois qu'une.

Élément nouveau à apporter au débat, Eric Zachte nous entretient (en anglais) dans son dernier billet de la création d'une Wikimedia report card, sorte de récapitulatif mensuel du Zeitgeist wikimédien. Deux items m'ont particulièrement frappé: le nombre d'éditions par mois et le nombre de nouveaux utilisateurs sur la version germanophone de l'encyclopédie.

Comme les graphiques présentés sont un peu fouilli en présentant trop de projets, les deux versions ci-dessous pour ne regardent que les données concernant les francophones (fr) et germanophones (de):


Nombre d'éditions par mois (x1'000), septembre 2008 - août 2009

Premier graphique: le nombre d'éditions mensuelles sur chaque projet, francophone et germanophone. Il y a près d'un an, la différence constatée (env. 30%) reflètait assez bien la différence du nombre de locuteurs succeptibles d'être connectés à internet et de contribuer (resp. 75 et 96 millions dans l'OCDE, soit +28%). L'écart n'a cessé de se réduire depuis, pour en août dernier ne représenter qu'un petit 4% supplémentaire en faveur des germanophones.


Nombre de nouveaux contributeurs (indice 100 = septembre 2008)

Ce deuxième graphique nous montre cette fois le nombre de nouveaux contributeurs qui s'enregistrent mensuellement, avec cette fois non pas des chiffres bruts, mais une base 100 en septembre 2008. Dans les deux cas on s'aperçoit que le nombre de nouveaux inscrit affiche une tendance à la baisse, mais que celle-ci est beaucoup plus forte encore une fois chez nos cousins les Germains.

Si on met les choses en perspective depuis la création des deux projets, on peut se dire qu'on est ici en terrain connu et prévu, à savoir que :de a atteint sa maturité plus rapidement que :fr - le décalage est effectivement constant depuis le lancement des deux projets:


Nombre d'éditions mensuelles 2001-2009

Peut-être. Peut-être aussi peut-on y voir le résultat indirect de la mise en place vers l'été 2008 sur :de des flagged revisions évoquées plus haut. On donnerait là du grain à moudre à ceux qui pensent qu'empêcher les gens de contribuer spontanément, c'est probablement condamner le projet à l'asphixie à long terme en démotivant les potentiels contributeurs qui ne voient pas apparaître le fruit de leurs efforts. Idéalement, on devrait aussi comparer les données de la dizaine de wikipedias ayant instauré le système. Si ça tente quelqu'un, tenez-moi au courant.

M'est avis qu'il n'y a probablement pas encore assez de recul pour savoir si on est en présence d'une tendance normale ou d'un phénomène aggravant. Mais c'est certainement quelque chose sur lequel il faudra garder l'oeil dans les prochains mois.

lundi 28 septembre 2009

Supr Flickr

La semaine dernière un sympathique bandeau en haut de page nous demandait non pas de l'argent pour Wikipédia (ça c'est pour décembre prochain), mais des photos. Foncez à Chenonceau prendre des photos pour illustrer Wikipédia! L'idée vient de David Monniaux afin, dit-il en substance, de sensibiliser tout le monde au fait que si en France le plus grand médium gratuit (et populaire) veut élargir le contenu culturel librement réutilisable, eh bien il a plus intérêt à compter sur les Français que sur leur gouvernement.

Honnêtement, et en dépit des bonnes remarques de Guillom, je trouve que c'était une excellente idée: on a un buzz à peu de frais, positif (pour changer), et qui rappelle aux gens que Wikipédia ne se fait pas par de petites mains invisibles (et occasionnellement fascisantes), mais par tout le monde. Les photos on s'en cogne, de toute façon comme le dit Poulpy (le dernier blogueur que je cite, promis), on aura juste 3000 clichés de plus sur le Louvre et tout Paris.

Le problème c'est qu'on n'a pas que le Louvre. Et là je m'exprime en tant que touriste lambda: l'essentiel des points d'intérêts de cette planète est documenté. Même les plus déviants. Je parle en expert.

Démonstrassion.

Mai 2007: Biélorussie. Minsk n'est pas une très belle ville (bon, rasée par les nazis et reconstruite par les soviets, ça n'aide pas). N'empêche que Commons offre déjà Minsk by night depuis l'hiver précédent.

Septembre 2007: Transnistrie. Trois jours de bus et train aux marches de l'Europe. On croise un touriste japonais (forcément), on achète notre passage à la "douane" (80 centimes suisses, bakchich de 72 centimes inclus), mais de toute façon c'est pas grave: nous sommes battus d'au moins six mois.

Mai 2008: J'arrive à Dili, Timor-Oriental. Le Christ-roi est sur Commons depuis un an et demi.

Octobre 2008: là je passe à Chypre du Nord. Une photo du chateau d'Othello? Déjà prise.

Avril 2009: Iran. Coup de bol, on roule pile devant le centre d'enrichissement t0p s3cr3t de Natanz - trop fou! Je prends une photo un peu floue et devinez quoi? Ca fait trois (3!) ans qu'on a bien mieux sur Commons.

En novembre de cette année, je pars quelque jours sur le Mont Athos. Interdit aux femmes et aux non-moines (max. 100 laïcs par jour, dont 10 non-orthodoxes). Il m'a fallu une semaine d'appels à droite et à gauche et un entretien avec un proto-diacre pour obtenir le fameux diamonitirion. Autant vous dire que je n'amène pourtant pas d'appareil photo, ça ferait redondant avec la catégorie et ses 13 sous-catégories.

Je confirme donc: l'hébergement Wikimédia Commons déborde de souvenirs de vacances, n'en rajoutez plus. Ca n'est pas trop grave dans la mesure où ça me donne quand même l'occasion de frimer grave avec mes destinations exotiques, mais c'est quand même un peu frustrant quand on veut y mettre du sien (et qu'on n'est pas un forcené de l'insignifiant autoproclamé).

Ce dont Commons a cruellement besoin, c'est de graphistes et de cartographes. Ca, malheureusement, on en a beaucoup moins.