samedi 31 décembre 2011

The End.

Tout a un début, tout a une fin, et c'est aujourd'hui, après quatre ans, que se termine pour moi l'aventure du blog wikipédien.

Il vient toujours un moment où il est bon de prendre un peu de recul et de se réinventer, ne serait-ce que pour éviter de tourner en rond : j'estime avoir suffisamment disserté sur ce projet "qui fonctionne très bien alors qu'il prouve tous les jours qu'il ne devrait pas fonctionner" pour mériter de passer à autre chose. 2011 touche à sa fin dans quelques heures, c'est une occasion comme une autre de clôre ce chapitre.

Merci du coup à ceux qui m'ont lu, lectorat étonnamment nombreux et fidèle: j'espère que l'expérience vous aura été aussi intéressante qu'elle m'a été enrichissante. Merci bien sûr à ma demi-douzaine de co-blogueurs, que j'encourage vivement, pour ceux qui ne l'ont pas encore fait, à ouvrir leur propre boutique. Merci à la dizaine de livreurs de chaussures: c'est une collection inachevée, continuez à m'en envoyer. Mes excuses, pour finir, à ceux avec qui j'ai discuté d'un billet et que je n'aurai su concrétiser. C'est la vie.

Et comme il convient de le faire dans ce cas, on se quitte bien sûr en chanson:


vendredi 30 décembre 2011

Chaussure postale

Bouloz (FR), Suisse.
Vu que c'est la saison des cartes de voeux, j'ai trouvé qu'une photo de chaussure abandonnée dans une boîte aux lettres serait appropriée.

mardi 27 décembre 2011

Wikimedia Commons interdite aux Mongols

Il est gros, il est mongol: c'est un gros Mongol.
J'espère qu'il n'y a pas de dicton qui énonce qu'une amitié ne se réalise qu'avec de la vodka à dix heures du matin, parce que ça voudrait dire que je n'ai qu'un ami, et que c'est le monsieur présenté à droite. Il s'appelle Natsca, il est mongol et très sympa, d'ailleurs on a bu de la vodka ensemble à dix heures du matin, c'est dire.

Le problème de Natsca (et surtout le mien), c'est qu'il ne parle que mongol, avec un tout petit peu de russe: c'est dommage, parce que s'il savait sûrement plein de choses, il ne pouvait pas trop les partager. Ces choses qu'il savait, et qui à l'époque m'intéressaient énormément, concernaient bien sûr la faune locale, à commencer par les chevaux. 

Fun fact: il existe en mongol six mots pour distinguer un poulain, suivant qu'il ait un, deux, trois, quatre, cinq ou six ans. A sept ans, c'est un cheval (et donc un septième mot).

Imaginons, et c'est bien sûr un exercice de pensée, que Natsca décide de contribuer à Wikipédia. Voire à la banque d'images Wikimedia Commons, avec son savoir équestre et chevalin. C'est une proposition à moitié farfelue seulement quand je vois le temps et l'effort (et donc l'argent) dépensés par la Fondation pour adapter le logiciel MediaWiki à des langages dont j'ignorais l'existence il y a encore un mois.

Le problème toutefois, quand on contribue à Commons, c'est qu'il faut parler anglais, parce que les catégories sont en anglais, avec des translittérations toujours un peu hasardeuses (forcément) si c'est de l'étranger pas latin. Je sens que je perds ici un peu l'attention de mon lectorat, donc on va prendre un exemple concret:

Hop.
Vous pensez ne voir qu'un bête cheval marron/noir (il y a un mot en français pour ça d'ailleurs), alors qu'en fait ce n'est pas un cheval mais un -accrochez-vous- coëoлoн: un canasson de cinq ans. Allez donc me catégoriser ça, tiens. Et tant que vous y êtes, demandez-vous s'il ne serait pas pertinent de remplacer la catégorie Nil bleu par Nil vert ou noir, vu qu'une floppée de langues n'ont pas cette nuance1.

On aura bien compris que les langues étrangères c'est compliqué, et que parfois les étrangers savent des trucs que nous on ne sait pas2. L'étranger qui veut contribuer, puisque la mode c'est de chercher les contributeurs hors du monde occidental, est du coup confronté doublement à la barrière de la langue: non seulement il ne parle peut-être pas celle qu'il faut, mais en plus celle-ci ne décrit pas le monde de manière correcte.

Les catégories, c'est vraiment pourri.

Hors, puisqu'on en est à mettre de l'argent pour bricoler MediaWiki pour les non-romanisés, je me demande combien ça couterait de mettre en place (i) un système d'étiquettes (tags) plutôt que de catégories; et (ii) conjoitement mais au pire tout seul, de faire en sorte qu'on puisse catégoriser dans la langue de son choix. Le système reconnaît déjà ma langue de prédilection quand je me connecte (la plupart des cadres sont en français), il ne devrait donc pas être trop dur de me donner par défaut les catégories dans ma langue, et si elles sont absentes celles de la lingua franca de service. A charge pour moi de traduire au plus près.

C'est une question légitime, non?


1. Ce qui est fou quand on y pense. Ca me rappelle quand j'étais à l'école et essayais de me représenter la valeur de i, nombre "imaginaire". Idem pour les sinus et cosinus: autant vous dire que je n'ai jamais vraiment brillé en maths.
2. Par contre je me suis laissé dire que les eskimos n'avaient pas 50 mots pour la neige comme on le prétend souvent.

vendredi 23 décembre 2011

Rock'n'Grolles

Genève, Suisse.
Mon conseiller en jeux de mots, à qui je dois le titre du présent billet, a encore frappé. Deux fois. Comme c'est un poète, il a intitulé la première photo "la belle" et la seconde "les clochards" (vu la qualité un peu limite du cliché).

Et tant qu'à être exhaustif, les coordonnées de ces deux images sont 46°10'57.6582"N 6°9'22.0068"E pour l'une, et 46°11'49.905"N 6°9'11.5122" pour les autres - que vous aurez bien entendu reconnues comme étant situé au Bout-du-Monde et aux Tranchées, respectivement, noms de quartier poétiques s'il en est.


Les clochards, à Genève toujours.

mercredi 21 décembre 2011

Effet vautour

La suite de ma petite réflexion de lundi sur le fait qu'il y a tous les jours des gens qui meurent, c'était de me demander si en fait Wikipédia, qui a atteint une certaine maturité depuis quelques temps déjà, "profite" encore de ces décès par effet piranha, ou si elle se contente simplement désormais d'offrir une information relativement complète au curieux de passage.

La réponse, comme toujours, est "les deux mon capitaine".

On a deux types de morts célèbres: les gens célèbres parce qu'ils sont morts (on pensera à Mohammed Bouazizi), et les gens célèbres qui meurent (Oussama ben Laden). Entre les deux, on trouve une catégorie intermédiaire et probablement plus vaste de gens anciennement célèbres, ayant pris leur retraite, et de retour pour un temps dans l'actualité parce que décédés.

Pour deux de ces catégories, il est évident que l'actualité apporte un flot d'informations qui n'étaient peut-être pas disponible auparavant. Dans le cadre du présent billet, je me suis du coup concentré sur les gens qui n'avaient pas besoin de mourir pour qu'on sache qu'ils existent. La première surprise que j'ai eue à ce niveau est que même les gens connus voient un pic de fréquentation assez époustouflant sur leurs articles lorsqu'ils quittent la scène. Voici ce que j'ai constaté pour neuf "célébrités" tirées un peu au hasard:

Croissance de la fréquentation des articles le jour de l'annonce du décès par rapport à la veille.
Vous lisez bien: la fréquentation de l'article sur la chanteuse Amy Winehouse a été multipliée par plus de 1'600 entre les 22 et 23 juillet 2011. De 280 visites on est passés d'un coup à 450'000, ce que pour le coup je trouve assez énorme. Même si les variations sont moins dramatiques pour les autres elles restent substantielles, avec des creux pour Gbagbo (qui n'est "que" mort militairement) et Khadafi, dont la chute aura été pour tous deux relativement longue et aura donc distribué le trafic sur une période plus étendue. Pour l'anecdote, l'ancien président Jiang Zemin n'est pas mort non plus, mais une rumeur diffusée sur une seule chaîne de Hong-Kong et reprise l'espace de quelques heures seulement en occident aura visiblement suffit à faire son petit effet.

L'augmentation du traffic étant établie, je suis allé voir la variation de la taille de ces mêmes articles entre la veille du décès et aujourd'hui:

Tailles des articles avant et après l'annonce de décès (kilooctets)
Nouvelle surprise: à hausses de fréquentation inégales, croissance des contenus à peu près égale - environ 20% de contenu en plus (en texte brut), avec Annie Girardot et Steve Jobs qui dépassent un peu1. Autre détail intéressant: les chiffres concernant l'ancien secrétaire d'État américain Warren Christopher sont pris sur la version anglophone mais totalement similaires (+17%). Non indiqué, Vaclav Havel est dans les mêmes termes sur le wiki en tchèque (+19%).

La conclusion immédiate que je tire, ou plutôt les conclusions, sont pour l'heure les suivantes:
  1. Même un article qu'on peut considérer comme relativement complet profite en terme de contenu d'un effet d'annonce lié à son sujet (en l'occurence un décès), et cette croissance est substantielle;
  2. La quantité de nouveau contenu apporté n'est pas liée à la taille initiale de l'article, et elle n'est pas liée à l'augmentation de la fréquentation: il faudrait par ailleurs voir s'il y a eu des protections ou semi-protections en écriture intempestives qui auraient pu brider les progrès.
Des chiffres intéressants, donc: il faudrait étendre la taille de l'échantillon pour voir si on a mis là le doigt sur une simple coïncidence ou une vraie règle empirique de Wikipédia. Ce sera toutefois pour un autre jour2.


1. +45 et +67%, respectivement, alors que les autres sont entre +13 et 26%. J'aurais tendance à mettre Annie Girardot dans la catégorie des gens dont on se rappelle à cause du décès, l'essentiel de sa carrière s'étant fait avant l'avènement de WP (j'ai retrouvé une progression similaire pour Jean Amadou, d'ailleurs).
2. Je lis toutefois que l'ex-président mexicain Miguel de la Madrid ne va vraiment pas fort: il sera intéressant de regarder ce qu'il se passe sur :es dans les prochains jours.

lundi 19 décembre 2011

Open Data Monument Mashup

C'est le projet français du jour: l'essentiel est à lire sur antidot, mais en gros il s'est agit pour un petit malin de:
  1. Prendre la liste des monuments historiques mise en ligne sur opendata, site du gouvernment français; faire pareil avec les gares SNCF;
  2. Prendre les photos de monuments historiques, notamment collectées lors du récent Wiki loves monuments (12500+), avec leur description;
  3. Géolocaliser ce qui ne l'était pas, grâce à Yahoo et Open Street Map, notamment;
  4. Bien mélanger.
et hop, on se retrouve avec un outil assez pratique pour savoir quel monument (ou quel type, ou de quelle époque) se trouve où (et réciproquement):

Des fois que vous alliez vous perdre dans le Finistère pour les fêtes.
Tout ça par une seule personne en quatre jours. C'est sobre, facile à naviguer, potentiellement utile et mieux fait que chacune des sources prises individuellement: et ça se trouve ici

Sale temps pour les vivants

Après les décès de Cesaria Evora et Vaclav Havel au cours du week-end, qui suivaient de peu celui de Christopher Hitchens jeudi, je me disais que la fin d'année n'était pas tendre avec les célébrités de tout poil: si on m'avait demandé ce dimanche matin, j'aurais probablement pu citer Oussama ben Laden, Mouammar Khadafi et Steve Jobs comme disparus supplémentaires de 2011.

Et puis je suis allé voir la R'vue genevoise, qui m'a remis Amy Winehouse en mémoire. Et Jean Amadou. Pour la chanteuse britannique j'avais l'impression que ça s'était passé il y a des siècles alors qu'en fait ça ne date que de juillet dernier. Pour Amadou c'est encore pire, je ne suis même pas sûr que j'étais au courant. Je vous engage d'ailleurs à faire cet exercice un peu morbide avant de poursuivre, c'est instructif (et la saison y est de toute façon propice).

Je suis du coup allé jeter un oeil à la catégorie wikipédienne habilement intitulée "décès en 2011", pensant y retrouver deux ou trois autres noms familiers.

Elle en contient en fait 1311. Et l'année n'est pas finie.

EDIT: ah ben tiens, au moment où je publie j'apprends le décès de Kim Jong-Il.

Ca m'a aussi appris que la célébrité est toute relative: de ces mille trois cents et quelques disparus, j'en ai reconnu tout juste une douzaine, plus quelques autres dont le nom ne m'était pas totalement étranger, mais impossibles à resituer sur le moment. 

J'avoue que je ne suis pas très branché vie -et mort- des stars (et qu'on ne peut pas passer sa journée à lire la rubrique nécrologique du journal, sauf si l'on est comme ma défunte grand-mère), mais j'avoue que ce nombre m'a surpris.

samedi 17 décembre 2011

SOPA danse

(Je confirme avoir fait usage des services d'un expert en jeux de mots pour ce titre)

Indépendamment de savoir s'il est bien pour les Wikipédiens de tenter de peser individuellement sur le débat politique ou, collectivement, d'utiliser Wikipédia pour le faire (deux options très distinctes), je poste ce petit film qui explique assez bien (en anglais) comment fonctionne le processus de rédaction d'une loi et l'influence qu'on peut avoir sur celui-ci, un rappel qui m'a l'air important vu l'actualité récente. 

C'est évidemment un peu différent dans chaque pays, mais si vous vivez dans une démocratie occidentale il y de fortes chances que les grandes lignes en soient les mêmes: l'essentiel, en fait, consiste à dire que c'est long et compliqué et qu'une grande partie du travail se fait en amont. 



Sinon vous pouvez aussi aller voir cette petite carte (façon de parler), en remplaçant le nom des institutions US par celles de chez vous (voire en virant le Sénat si vous vivez au Québec, ou en ajoutant 4 ou 5 niveaux si vous êtes belge):


Trouvée chez Mike Wirth.

Tout ça pour dire qu'il est plus efficace de se plaindre d'un projet de loi plutôt que d'une loi qui vient de sortir, vu que dans ce dernier cas toute modification revient à lancer un nouveau projet législatif.

vendredi 16 décembre 2011

Ex-chaussures

Joal-Fadiouth, Sénégal.
Il faut toujours garder contact avec ses ex, surtout celles qu'on laisse dans un port ou une contrée lointaine : on pourrait un jour revenir, et si elle vous emmène par exemple visiter le village de naissance du Président-poète Léopold Sédar Senghor, elle pourra vous montrer où cette photo à été prise et, peut-être,  vous expliquer pourquoi on abandonnerait ses sandales devant un calvaire.

Pour info et pour les touristes potentiels, le village de Fadiouth est en fait bâti sur un îlot constitué de coquillages accumulés depuis des milliers d'années par les habitants du coin. 

jeudi 15 décembre 2011

Starcraft II

Vous l'aurez sans doute vu mentionnée ici ou , peut-être même aurez vous commencé à jouer avec: je parle bien sûr de la nouvelle interface d'édition de médiawiki, le logiciel qu'on trouve sous le capot de Wikipédia. Il n'y a pas à dire, c'est bien fait

C'est pareil, mais différent.
En gros on a supprimé la fenêtre d'édition pour permettre l'écriture directement dans le texte. Je me suis même pris à penser "wow, vivement qu'ils mettent tout ça en place!"

Et puis je me suis souvenu de Starcraft II.

Starcraft II, pour les ignares1, est la suite de Starcraft tout court, un des meilleurs jeux de stratégie en temps réel qui fut, et dont le scénario n'est pas fondamental au propos de ce billet. Ce dont il faut se souvenir, c'est que le premier opus fut un énorme succès à sa sortie en 1998. Un tel succès, à vrai dire, qu'on a assez rapidement compris (et annoncé) la sortie d'une deuxième version, vers le milieu des années 2000. Photos d'écrans et synopsis à l'appui.

La suite est effectivement sortie.

Douze ans après la première version. 

D'où l'intérêt de lire les petits caractères dans l'annonce faite sur le blog de la Fondation: mise en place prévue pour juin 2012, sur un petit wiki (e.g. un qui n'a pas trop d'infoboites ni de modèles imbriqués, a priori). Vu le temps qu'il a fallu pour sortir le "simple" redesign vector, la machine à chatons, et les boites à feedback (ces deux derniers n'étant il me semble toujours par disponibles de partout), je me dis que pour ce qui nous concerne, les francophones du troisième plus gros wiki, ça n'est pas gagné.



1. Ou les filles, soyons honnêtes dans le sexisme geek.

La petite différence

Vous aurez sans doute remarqué l'apparition de l'inévitable bannière de levée de fonds en haut de chaque page de Wikipédia: on a, au choix, le fan de heavy-metal, la sorcière hippie, et Jimmy Wales qui nous demandent chacun leur tour des sous pour payer le bistro les serveurs, et le service en général. 

J'ai bien sûr ma propre opinion sur l'impact que peuvent avoir deux de ces trois individus sur l'envie de donner d'une population de consommateurs - non contributeurs des classes moyennes occidentales, mais je peux me tromper. La preuve, c'est que j'étais surpris de voir l'image ci-dessous présentée comme une parodie de mauvais goût alors que je la prévoyais pour la levée de fonds 2012:

Sacré Jimmy.
Le détail qui change cet année, pour autant que je me souvienne, c'est que c'est la première fois que l'objectif de collecte n'est pas vraiment publicisé. Les autres années on nous disait quelque chose du genre "il nous faut 5 millions, mettez la main à la poche et la bannière disparaît", alors que là, rien.

Ca, c'était en 2009.

Vu que le budget provisionnel progresse à pas de géant (de 28 millions de dollars cette année à cinquante dans 4 ans), qu'il a fallu presque l'entier des deux mois en 2010 pour collecter 16 millions, que le lectorat progresse modérément, et que les nouveaux accords de répartition des collectes avec les chapitres locaux ont été particulièrement agressifs1, je me demande si ça ne cache pas quelque chose, du genre "on ne met pas d'objectif parce qu'on ne va probablement pas l'atteindre". C'est très américain de ne pas vouloir passer pour des losers.

Bref je spécule, mais le changement général d'attitude m'a quand même surpris.


1. Plutôt qu'une répartition à 50/50 le modèle de base semble s'orienter grosso-modo vers 100% pour la Fondation et des subventions distribuées au cas par cas pour les chapitres. Bizarrement, ce raclement de fonds de tiroirs est assez mal passé, ne serait-ce que dans la manière et parce que dans beaucoup de pays ce n'est pas vraiment légalement applicable.